Focus SionInterview avecEtienne Lin

L’HEMU Site de Sion s’inscrit dans une tradition d’excellence dans l’enseignement professionnel des cordes en Valais. Depuis 2016, Aurélien D’Andrès est le directeur de l’HEMU Site de Sion. Une conversation avec lui et un portrait de l’école de Sion.

Matthias von Orelli — L’HEMU Site de Sion s’inscrit dans une tradition d’excellence dans l’enseignement professionnel des cordes en Valais. Cette tradition est un héritage direct de l’apport musical majeur du violoniste hongrois Tibor Varga, actif en Valais depuis les années 1960 et jusqu’à son décès en 2003. Après avoir créé une académie d’été en 1963, un festival d’été en 1964 et un concours international de violon en 1967, il décida en 1988 d’ouvrir à l’année une école indépendante de haut niveau à Sion dont l’appellation évoluera au cours du temps jusqu’à devenir le Conservatoire Supérieur Tibor Varga. Au moment de la mise sur pied des Hautes Ecoles de Musique (HEM) en Suisse, en 2008, les dispositions prises au niveau fédéral ne prévoyaient la création que de deux HEM en Suisse romande, au sein de la HES-SO, ce qui mettait en danger la pérennité de l’enseignement musical professionnel sur territoire valaisan. Soucieuses de préserver la tradition artistique et pédagogique développée dans la seconde moitié du 20e siècle et de continuer de former des musiciens professionnels de haut niveau en Valais, les autorités cantonales ont alors initié des négociations avec le canton de Vaud pour convenir de l’intégration du Conservatoire Supérieur Tibor Varga à la Haute Ecole de Musique de Lausanne. Une démarche similaire émanant du canton de Fribourg au même moment, les 3 cantons s’entendirent sur la création d’une haute école de musique intercantonale et signèrent les conventions qui allaient poser les bases de la naissance de l’HEMU Vaud-Valais-Fribourg. Le Conservatoire Supérieur Tibor Varga céda ainsi sa place à l’HEMU Site de Sion.

Aujourd’hui l’HEMU Site de Sion continue de s’affirmer comme un pôle d’excellence dans l’enseignement des cordes et peut compter sur un corps professoral de très haut niveau pour préparer ses 60 étudiants de niveau bachelor et master à une carrière épanouie d’interprète et/ou de pédagogue. Des collaborations continuent de se développer avec l’Académie d’été Tibor Varga, le Concours International Tibor Varga et le Sion Festival, mais également avec de nombreux autres partenaires artistiques en Valais, en Suisse et à l’international.

Monsieur le directeur Aurélien D’Andrès, merci de prendre le temps de nous accorder cette interview. Comment caractériseriez-vous le site de Sion au sein de l’HEMU Vaud-Valais-Fribourg ?

L’HEMU est une institution qui se déploie sur 3 cantons aux identités et aux enjeux très différents. Le défi du site de Sion consiste donc à participer de manière active à la création et au développement d’un projet institutionnel global tout en conservant un lien direct avec le territoire valaisan, ses spécificités, ses attentes et ses possibilités.

Toute la structure de l’HEMU a récemment été redessinée. Quel impact cela a-t-il eu sur le site de Sion ?

Toute mesure qui touche à la gouvernance a forcément un impact sur l’entier de l’institution. Nous sentons une volonté de changement de culture d’entreprise qui vise une approche plus participative. La mise en place de cette culture passe par une plus grande implication des étudiants dans la vie de l’école. Des mesures concrètes telles que l’organisation récente du PulSion Winter Festival témoignent de la forme que cela peut prendre.

Vous avez un profond passé musical, pourriez-vous nous décrire brièvement votre vie professionnelle ?

D’un point de vue strictement musical, je suis issu du milieu amateur (je suis titulaire d’un certificat supérieur de piano et d’un certificat de violon du Conservatoire Can-tonal de Sion), un milieu d’une richesse incroyable en Valais, et je me considère donc plus comme un mélomane averti que comme un musicien. Après une double formation d’ingénieur EPFL et de gestionnaire culturel, mon parcours professionnel m’a ensuite amené successivement à administrer la Camerata de Lausanne, le Théâtre Le Baladin de Savièse puis désormais l’HEMU Site de Sion. Je développe actuellement mes compétences de leader en effectuant un Executive MBA à HEC Paris.

Comment jugez-vous le paysage musical dans notre pays et plus particulièrement dans le canton du Valais ?

Nous avons une chance inouïe en Suisse : l’offre musicale est riche et le standard de qualité très élevé. La présence de Hautes Ecoles de Musique de premier plan n’y est pas étrangère. Le Valais entretient pour sa part une relation très forte avec la musique. Le manque d’infrastructures adaptées a longtemps limité le développement de la musique classique en dehors de la riche période des festivals d’été, mais la construction imminente d’une salle de concert à Sion ainsi que d’autres projets dans le canton devraient bientôt nous aider à donner à nos événements l’ampleur qu’ils méritent.

Dans le contexte des Hautes écolesde musique suisses, la question de la position du pays au sein de l’Europe se pose sans cesse. En Valais aussi, les frontières avec les pays voisins sont proches – comment percevez-vous cette situation ?

Bien que délimité par de hautes et majestueuses montagnes, le Valais est une terre d’ouverture. Nous entretenons d’excellentes relations quotidiennes avec nos voisins vaudois, bernois, tessinois, uranais, italiens et français, et la culture touristique inscrite dans notre ADN nous destine de manière naturelle à l’accueil et à l’échange. Le repli sur soi n’a jamais été une option et je serais très étonné que cela puisse un jour être le cas dans le futur.

Comment la promotion musicale est-elle perçue dans le canton du Valais ?

Globalement plutôt bien, sachant que le Valais est un territoire qui respire la musique. Les milieux artistique, éducatif, touristique, économique et politique gagneraient cependant à mieux coordonner leurs efforts pour tirer un meilleur profit de l’incroyable dynamisme général qui anime actuellement le canton.

Le Valais est un canton alpin et touristique – cela a-t-il un impact sur votre travail quotidien ?

Absolument. C’est avant tout une question de partage de valeurs. Le montagnard est un travailleur infatigable qui respecte son environnement et ses racines. Le touriste fait preuve de curiosité et recherche le partage, la découverte, la nouveauté, la surprise, l’enchantement, le plaisir. Tout cela résume totalement ce que nous souhaitons voir émerger chez nos étudiants dans leur pratique musicale quotidienne.

Enfin, une question très simple (ou pas !) : quelle musique aimez-vous le plus écouter ?

Le silence, à condition qu’il soit immédiatement précédé ou suivi de quelque chose de beau.

D’origine française, Etienne Lin étudie actuellement à l’HEMU Site de Sion dans la classe d’alto de Tatjana Masurenko, en 1re année de master en Interprétation orientation concert, après avoir également effectué son bachelor à Sion.

Etienne Lin, que représente le Valais pour vous ? Et surtout Sion comme lieu d’études ?

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