Le Bas Moyen-Âge ressuscité
Marc Lewon et son Ensemble Leones font revivre les œuvres de Oswald von Wolkenstein.
Sa vie ressemble à un roman d’aventure, mais son art est d’un raffinement ne craignant pas la comparaison avec la Renaissance qu’il précéda de peu ; de nombreux poèmes, chansons et compositions de Oswald von Wolkenstein nous sont parvenus grâce à trois superbes manuscrits. Les pièces choisies et éditées par Marc Lewon nous font connaître un poète vigoureux, aux textes enracinés dans son époque et souvent autobiographiques, usant autant de la métaphore subtile que de l’allusion crue, et aux descriptions psychologiques étonnamment modernes. Une des pièces principales est une épopée à quinze strophes, racontant la captivité de l’auteur et sa libération avec beaucoup de réalisme et d’humour ; à mentionner aussi sont ses chansons d’amours explicitement dédiées à sa femme. Les textes ne sont malheureusement pas traduits sur le livret, et le lien proposé sur la page internet de l’ensemble n’offre qu’une traduction en allemand moderne.
Au moins aussi achevées que ses textes sont les compositions musicales de Oswald von Wolkenstein, qui élargit la monodie du Moyen-Age à une polyphonie complexe, se servant de l’ancienne technique de l’organon aussi bien que du canon à deux ou trois voix et du contrepoint.
Marc Lewon et son Ensemble Leones font de ces œuvres une interprétation au dessus de tout soupçon, peaufinée et sans tache ; la maîtrise instrumentale (avec une mention spéciale pour… la corne de vache) et surtout les voix sont stupéfiantes. Cette reconstitution de la sonorité du quinzième siècle convainc par sa qualité et son unité esthétique.
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- Durch aubenteuer tal und perg
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- Es seusst dort her von orient
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- Herz, prich
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Els Biesemans, sensible et à fleur de touche dans des lieder de Franz Liszt.
Schubert, la note essentielle, le Lied dans lequel tout un monde se crée après deux accords. – Mendelssohn, la grâce et la limpidité. – Chopin, l’élégance raffinée à son plus haut degré. Trois mondes qui semblent en apparence si éloignés de celui d’un Franz Liszt…
Lorsque le compositeur hongrois s’empare des mélodies de ses collègues, il y a, bien sûr hommage, mais avant tout, les transcriptions de Liszt deviennent des œuvres originales marquées par la forte personnalité du pianiste virtuose.
Els Biesemans nous offre un enregistrement qui revisite avec bonheur ces célèbres transcriptions. Dans ces pages techniquement exigeantes, la pianiste, avec une virtuosité jamais prise en défaut, tend une ligne magnifique enluminée par un art subtil du rubato, lequel ne tombe jamais dans la démesure si souvent de mise. De toute évidence, Els Biesemans connaît en profondeur les poèmes qui servent de trame à ses œuvres. Elle les chante par le truchement de son piano, tout simplement.
Jouant un magnifique instrument d’Aloys Biber contemporain de Liszt, l’artiste déploie un son idéal, enlevant cette couche de clinquant tape-à-l’oreille dont est souvent affublée la musique de Liszt. La profondeur et la rondeur du timbre de ce fortepiano et surtout l’art d’en toucher qu’a Els Biesemans font ressortir le côté parfois intime et la sensibilité toujours à fleur de touche qui se dégagent de ces mélodies.
Des pages pour la plupart ultra-connues à redécouvrir impérativement pour cette lecture magistrale, poétique et lumineuse.
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- Franz Schubert
- Winterreise: Gute Nacht
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- Felix Mendelssohn Bartholdy
- Reiselied
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- Frédéric Chopin
- Six Chants Polonais: Das Ringlein
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Le « Winterreise » à la fois dans sa version originale et adaptée pour piano, violon et violoncelle : l’embaras du choix entre enregistrements sublimes.
Daniel Behle est un ténor allemand de la jeune génération, à la carrière en plein essor ; sa voix est idéale pour le lied classique et romantique allemand, tout en lui donnant accès aux parties lyriques jusqu’à Wagner et Strauss. Son timbre plutôt clair mais chaleureux reste d’une légèreté absolue dans les hauteurs, et sa diction parfaite impose à l’auditeur son intelligence des textes ; il ne laisse ainsi aucun doute quand à la jutification d’un nouvel enregistrement du Winterreise. Sa version épurée, dénuée de sentimentalité, permet l’écoute à plusieurs degrés que Schubert mérite.
Le double CD présente la version originale avec l’excellent Oliver Schnyder au piano, ainsi qu’une adaptation y ajoutant un violon et un violoncelle, de la plume de Daniel Behle lui-même. Rassurons les puristes tout de suite : la version avec cordes est faite avec beaucoup de décence et de goût, sans surcharger l’accompagnement ni couvrir la voix, qui reste en permanence au centre de l’œuvre. Les cordes sont employées avec beaucoup de parcimonie, ajoutant seulement ici et là quelques touches de couleur ou mettant les lignes du piano en évidence ; on n’a donc pas l’impression d’assister à une relecture complète de l’oeuvre, comme dans la version pour orchestre de Hans Zender. Paradoxalement, la nécessité de régler l’équilibre des quatre musiciens lors de la prise de son a même eu comme résultat une voix encore plus présente et bien mise en relief, ainsi qu’un piano nettement plus transparent que dans la version originale ; à comparer les deux, l’auditeur pourrait donc probablement préfèrer la version avec trio.
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- Version pour piano
- No 1 « Gute Nacht »
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- Version pour trio
- No 1 « Gute Nacht »
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- Version pour piano
- No 15 « Die Krähe »
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