Le hautbois d’amour à l’honneur

Katharina Suske et la Freitagsakademie jouent des concertos de Bach pour hautbois d’amour, violon et flûte.

Katharina Suske. Foto: Giro Annen

Parfois, encore aujourd’hui, des musiciens déclarent sur un ton péremptoire que Bach sonne bien sur n’importe quel instrument pour lequel il n’a pas écrit. C’est de la musique tellement pure que si on la joue sur un piano, ça restera du Bach. Ces rescapés d’une autre époque étaient les premiers, dans la seconde moitié du vingtième siècle, à vouer aux gémonies les transcriptions des Swingle Singers ou celles d’Emerson, Lake and Palmer ! Il parait cependant évident que le compositeur souhaitait des sonorités précises. Si, dans la deuxième cantate de son oratorio de Noël, Bach écrit pour deux hautbois d’amour et deux oboe di caccia, ce ne sont pas des timbres choisis au hasard. C’est justement le hautbois d’amour, si prisé par notre compositeur, qui est à l’honneur dans cet enregistrement.

L’intonation, si délicate sur un hautbois baroque, n’est jamais prise en défaut dans le jeu de Katharina Suske, dont la maîtrise de l’embouchure offre un son d’une rondeur et d’une sensualité qui nous enchante dès la première phrase. À la tête de la Freitagsakademie, la hautboïste cisèle la musique du Cantor de Leipzig avec précision, offrant un phrasé organique du meilleur aloi.

L’enregistrement débute par la sinfonia de l’une des deux cantates italiennes de Bach (bien que la paternité de « Non sa che sia dolore » soit fortement remise en cause). La flûte de Jörg Fiedler et le violon d’Ilia Korol planent sur des basses d’orchestre bien présentes, lesquelles rendent l’architecture de l’œuvre très claire. S’ensuit le magnifique concerto pour hautbois d’amour en la majeur. Les interprètes réussissent, avec un naturel convaincant, à faire ressortir la vivacité et la poésie de cette œuvre majeure de la littérature pour hautbois et orchestre. Karoline Echeverri met son archet au service d’une magnifique palette de nuances subtiles pour le concerto pour violon BWV 1056. La flûte de Jörg Fiedler, le hautbois d’amour de Katharina Suske et le violon de Karoline Echeverri se retrouvent pour le triple concerto bâti par Walter Hindermann sur des cantate de J.S. Bach, mettant un point final à un enregistrement de pur bonheur !

Bach Concertos: Lost and Found. Die Freitagsakademie; Katharina Suske, oboe d’amore & artistic direction. Deutsche harmonia mundi 19658710732

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