La musique en Russie depuis 1850

Un maximum d’informations et d’idées concentrées dans un livre de poche.

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Dans cet ouvrage au format de poche, les 150 années les plus glorieuses de la musique russe sont résumées par André Lischke, auteur de plusieurs livres consacrés à cette matière. Dans un empire à la géographie changeante, des conquêtes du milieu du 19e siècle à l’éclatement de l’URSS, le choix d’inclure ou non tel musicien issu d’un pays annexé demeure délicat. D’où peut-être le choix de passer sous silence des noms comme ceux de Tubin ou de Kantcheli. La même prudence a prévalu pour les créateurs contemporains : aucun compositeur né après la seconde guerre mondiale n’y est cité. Mais, comme le signale Lischke lui-même, la place manque pour une exhaustivité – à laquelle il n’est d’ailleurs pas tenu. Et globalement, le pari de rassembler un maximum d’informations et d’idées dans un petit format est réussi. Après une courte rétrospective de la vie musicale depuis le 16e siècle jusqu’à Glinka, Sérov et Dargomyjski, en passant par la prédominance de la musique italienne au 18e siècle, l’ouvrage se scinde en deux parties, l’une centrée sur la période allant de 1850 au visionnaire Scriabine et aux postromantiques Rachmaninov et Medtner, l’autre débutant par Stravinsky et Prokofiev pour s’achever sur la génération des compositeurs nés dans les années 1930. L’auteur ne se contente pas, heureusement, de détailler la vie et de signaler les œuvres principales des compositeurs les plus importants de cette période, d’Anton Rubinstein à Boris Tichtchenko ; il aborde également l’importance du folklore, les inspirations orientalistes, les différentes formes musicales, et consacre deux chapitres substantiels au chant de l’église orthodoxe et aux Ballets russes de Diaghilev. Il décrypte aussi les relations entre les membres du Groupe des Cinq, puis entre les écoles de Moscou et de Saint-Pétersbourg, de même que les relations des compositeurs avec le pouvoir soviétique, où certains s’avèrent enthousiastes, d’autres carriéristes, d’autres jouant un double-jeu grâce aux significations multiples de la musique et d’autres enfin émigrant soit vers l’Europe ou les Etats-Unis, soit dans un exil intérieur. Le livre de Lischke s’achève sur le constat qu’actuellement encore, mais pour des raisons économiques maintenant, l’exil reste le chemin que prennent de nombreux créateurs russes.

André Lischke, La musique en Russie depuis 1850, € 14,20 Fayard, Paris 2012, ISBN 978-2-213-66641-9

 

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