Musique et cinéma

Analyse de la musique de film, accompagnement sonore des débuts du cinéma : les rapports entre la musique et le septième art ont récemment fait l’objet de deux ouvrages.

Detail de l’affiche de film « L’Assassinat du duc de Guise » de 1908 (cf. ci-dessous)
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Spécialisé depuis une quinzaine d’années dans l’étude de la musique de film, auteur de nombreuses partitions pour le cinéma ou la télévision, Jérôme Rossi présente un vaste panorama des possibilités d’analyse musico-filmique, parmi lesquelles les principales méthodes employées dans ce domaine par la musicologie et la sémiologie musicale. L’approche est réalisée à différents niveaux : perception par les spectateurs-auditeurs et associations d’idées, rôle narratif de la musique, interaction de cette dernière avec les autres sources sonores (voix, bruits) ou la scénographie, etc. Innombrables sont les divers aspects abordés, des raisons de la présence ou de l’absence de la musique à l’impact dramatique d’un décalage entre musique et image, des questions terminologiques à l’utilisation d’œuvres préexistantes. Les musiciens pourront se trouver particulièrement intéressés par la description des procédés formels (micro- et macro-)structurants, de la conduite des tensions et détentes, de l’organisation des paramètres musicaux et de leur signification contextuelle, ou encore de l’usage des leitmotivs. Se basant sur un choix très étendu d’environ 550 films, cet imposant nouvel ouvrage de synthèse des éditions Symétrie, paru dans la série 20-21 consacrée à la musique de ces 100 dernières années, comblera les mélomanes cinéphiles qui voudraient appréhender avec plus d’acuité les fonctions de la musique dans son rapport à l’image.

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Au tout début de l’histoire de la cinématographie, maintes productions étaient immédiatement issues de l’art théâtral, aussi bien pour la gestique et les mimiques des acteurs, pour les décors et les costumes que pour les sujets filmés. Comme la technique de sonorisation de la pellicule n’existait pas alors, l’accompagnement musical, lorsqu’il y en avait un, se jouait en direct. Fondée en 1908, la société Le Film d’art tourne des scènes historiques ou théâtrales et commande les premières compositions expressément écrites pour des films (dont celle de Saint-Saëns pour L’Assassinat du duc de Guise), qui ressemblaient souvent à de la musique de scène traditionnelle et n’avaient rien à voir avec les partitions qui seront créées au temps du cinéma sonore. Publié aux Editions l’Œil d’Or, ce recueil d’études sur les liens entre théâtre, musique et cinéma dans la France d’avant la Première Guerre mondiale comprend également force documents (filmographie du Film d’Art, avec nombre de synopsis, correspondance de son directeur, scénario inédit de Mounet-Sully, etc.). A noter que ce livre, richement illustré, est agrémenté de deux DVD contenant 20 films restaurés (avec, pour trois d’entre eux, des versions modernes de l’accompagnement musical original).

Jérôme Rossi : L’Analyse de la musique de film, 732 p., € 48.00, Editions Symétrie, Lyon 2021, ISBN 978-2-36485-100-9

De la scène à la pellicule, Théâtre, musique et cinéma autour de 1900, sous la direction de Rémy Campos, Alain Carou, Aurélien Poidevin, 328 p., 2 DVD, € 39.00, Editions l’Œil d’Or, Paris 2021, ISBN 9782490437122

Image du haut : wikimedia commons

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