Quand le jazz est un jeu

Le nouveau livre de Claude Tabarini, « Jouer au jazz », est un « témoignage sociologique et musical ».

Claude Tabarini. Photo : © Nicolas Masson

Il est un personnage que l’AMR (Association pour la musique improvisée), à Genève, aurait dû inventer s’il n’existait pas : Claude Tabarini. La vie de ce collectif de musiciens se déroule en effet à la lecture de Jouer au jazz et à l’écoute de la musique offerte sur le site www.claudetabarini.ch, où l’on peut entendre toutes les expéditions musicales dont il parle dans le livre.

Claude Tabarini est un compositeur, batteur, pianiste et habitant-résistant d’une maisonnette au milieu de la cour de l’Ilot 13, haut lieu du squat genevois. Ainsi qu’il le dit lui-même, son Jouer au jazz est un « témoignage sociologique et musical » qui s’articule autour de son domicile et l’AMR, de l’autre côté de la gare. L’auteur ayant dépassé les soixante-dix ans, on lit et on entend comment il a collaboré pendant quarante années avec un nombre impressionnant d’acteurs du lieu pour des aventures improvisées, décalées pour la plupart. Puisqu’il faut choisir, on commencera au hasard par le début, celui de l’« Opéra Taba », qu’il offrait en compagnie de Laurent Peradotto (trompette, piano, flûte, percussion, voix) dans son appartement d’une pièce à « quelque couple égaré à qui ils offraient le thé » en 1979. Et l’on ne résistera pas à faire le grand écart avec un enregistrement en la compagnie – fameuse – de Steve Lacy (saxophone), Jean-Jacques Avenel (contrebasse) et Maurice Magnoni (saxophone) en 1984. Au générique de cette anthologie figurent des anciens de l’AMR, dont les contrebassistes Olivier Magnenat et Jacques Siron ou le pianiste Jacques Demierre. Mais des jeunes également, tels le saxophoniste Manuel Gesseney ou le pianiste Thomas Florin. Non seulement joueur de musique, Claude Tabarini se fait encore joueur de mots. Qu’on en juge par quelques intitulés de ses nombreuses formations : « Les biscuits bleus du roi Ferdinand », « Jean-Bernard le flic », « Jazz for elegant people ». Et ce sont autant de splendeurs, bizarreries et extravagances en tout genre à déguster ; on en reste impressionné par la force créative de cette association de musiciens du bout du lac.

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Bâtiment de l’AMR à Genève.
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Claude Tabarini : Jouer au jazz, 112 p., Fr. 20.00, Éditions Héros-Limite, Genève 2022, ISBN 978-2-88955-066-1

 

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