Yannick Delez élargit sa palette

Le pianiste et son quatuor à cordes sont à l’aise dans tous les genres et présentent une vraie synthèse.

Yannick Delez et son quatuor à cordes. Quintet Photo : ©Dovile Sermokas

Etabli à Berlin depuis une bonne dizaine d’années, Yannick Delez y a trouvé des partenaires capables non seulement de le suivre dans son exploration stylistique, mais aussi de l’enrichir de nouvelles couleurs et de nouveaux motifs. Choisir des cordes au lieu de vents et renoncer à la section rythmique n’est pas surprenant de la part de Yannick Delez, dont la musique est surtout en tons pastels, plus ballade que groove, et plongeant ses racines profondément dans la musique classique, bien qu’il affirme de pas le faire consciemment.

Le quatuor à cordes du Yannick Delez String Quintet est donc composé de perles rares, polyvalents et à l’aise dans tous les genres, capable de réaliser avec exactitude chaque notation, mais aussi d’improviser avec verve, chacun d’eux amenant sa touche personnelle et recevant en retour la place pour la mettre en valeur. Relevons en particulier l’excellent violon jazz de Rodrigo Bauzá et le violoncelle séduisant et décemment enroué de Susanne Paul, qui se glisse à tout moment dans la peau de la contrebasse.

Avec cet ensemble, Yannick Delez évite l’écueil du collage superficiel et présente une vraie synthèse, clairement centrée sur le cool jazz, mais l’élargissant d’impressionnisme, de romantisme à la Scriabine et de minimalisme ; on lui prête même par endroits une affinité à Anton Webern (Birth of A Sylph) et à Georgy Ligeti (Slandia). Dans chaque pièce, on sent la maturité de l’artiste ayant assimilé ou recréé les styles, comme autant de couleurs, distinctes mais parentes entre elles.

Bien que chaque pièce du recueil mériterait une mention pour son originalité, il faut retenir d’une part Clärchen Ballhaus, commençant sur un ostinato puis développant une forme élaborée avec plusieurs retours sur elle-même, d’autre part La Javanaise, un surprenant hommage à Serge Gainsbourg, qui passe le minimalisme de l’original au caléidoscope, mais terminant comme lui dans un mutisme nostalgique.

Yannick Delez String Quintet : Hanging Gardens. Claves Jazz 3058

Das könnte Sie auch interessieren