Trio pour 2 hautbois et cor anglais

Chacque vendredi, Beethoven est ici. Pour le 250e anniversaire de la naissance de Beethoven, la Revue Musicale Suisse jettera chaque semaine un œil sur une œuvre différente de son catalogue. Aujourd’hui pour le trio pour deux hautbois et cor anglais en do majeur.

Extrait du portrait de Beethoven par Joseph Karl Stieler, ca. 1820

« Ces trois ne font qu’un. » Le critique anonyme de la Leipziger Allgemeine musikalische Zeitung n’a pas trouvé d’autre éloge pour encenser cette œuvre, publiée pour la première fois en 1806. Pourtant, ce Trio op. 87 pour deux hautbois et cor anglais (ainsi que les variations du WoO 28 « Là ci darem la mano » de Mozart écrites pour la même instrumentation) est resté périphérique dans la perception générale des œuvres de Beethoven jusqu’à aujourd’hui. Il semble que le ton relativement léger, presque simple, ait dérangé, à en croire la suite du compte-rendu : « Nulle part vous ne remarquez une disproportion, nulle part quelque chose de recherché ou de contre nature ; par conséquent, dans tout l’art appliqué, [ce trio] procure un plaisir agréable, pur, sinon grand. La limitation de l’instrumentation, mais aussi la simplicité du mouvement en trois parties, font que certains ne l’apprécient pas à sa juste valeur. » – Cette promotion en forme d’excuses deviendra presque une norme.

Il ne faut pas se laisser induire en erreur par le numéro d’opus élevé de ce trio. Mentionné d’abord à tort comme « op. 29 », il n’apparaît dans une liste d’œuvres qu’en 1819, sans l’intervention de Beethoven. Cependant, la partition avait déjà été réalisée vers 1795 – et pas fortuitement. Elle est destinée à l’ensemble des frères Teimer, très populaire à Vienne à l’époque, pour lequel Franz Anton Hoffmeister aurait écrit des « trios concertants ». Les archives de la Schwarzenberg Harmoniemusik contenaient lors de sa dissolution en 1799 d’autres œuvres écrites pour les trois frères, de Johann Nepomuk Went, Joseph Triebensee, Franz Krommer et Anton Wranitzky, entre autres ; avec son trio en quatre mouvements, Beethoven a donc simplement ajouté une pièce au répertoire déjà existant pour cet ensemble viennois unique. Ainsi Johann Ferdinand von Schönfeld rapporte en 1796 dans son Anuaire de la musique viennoise et praguoise : « Qui ne connaît pas ces fameux virtuoses du hautbois ? Ils honorent nos académies les plus distinguées. Leur son est fondant et leur art est si particulier que certains de nos compositeurs écrivent pour eux. Ils sont également maîtres du cor anglais ». Cependant, cette formation disparaît peu de temps après, lorsque les frères Franz et Johann Teimer meurent subitement en mai et août 1796.

Parallèlement à la première édition, la composition de Beethoven a été publiée en 1806 dans des arrangements avec des instruments plus fréquemment joués : pour deux violons et un alto ainsi que pour un piano et un violon, qui sont toujours bienvenus dans les conversations musicales.

 


Aufnahme auf idagio


Rester en contact

Une newsletter hebdomadaire lève le voile sur la dernière chronique en ligne. Vous pouvez vous y abonner en indiquant votre adresse mail ci-dessous, ou en souscrivant à notre flux RSS.


Participez à ce projet !

Cela peut également vous intéresser.