Ouverture Coriolan

Chacque vendredi, Beethoven est ici. Pour le 250e anniversaire de la naissance de Beethoven, la Revue Musicale Suisse jettera chaque semaine un œil sur une œuvre différente de son catalogue. Aujourd’hui pour l’Ouverture Coriolan.

Extrait du portrait de Beethoven par Joseph Karl Stieler, ca. 1820

Le cliché du style effervescent de Beethoven semble s’accorder parfaitement au puissant et triomphant début de l’ouverture Coriolan op. 62. Cependant, cette pièce ne cherche pas à refléter le caractère de son auteur, mais le drame de la tragédie éponyme de Heinrich Joseph von Collin (1772-1811) : le commandant romain Coriolan, après avoir été acclamé et honoré, tombe en disgrâce et est banni lors d’un changement de pouvoir politique. Blessé dans son orgueil, il dirige une armée contre sa ville natale en alliance avec ses anciens ennemis. Lorsqu’ils arrivent aux portes, sa mère et sa femme lui demandent d’épargner la ville et tentent de le persuader de se repentir. Empêtré dans un conflit entre patriotisme et arrogance, le héros raté se donne la mort de sa propre épée. L’intrigue est archétypale et atemporelle.

La partition a toutefois été composée trop tard pour servir réellement d’ouverture à la pièce : lors de la première le 24 novembre 1802, le public s’est contenté d’un interlude arrangé par l’abbé Stadler à partir de l’Idomeneo de Mozart. Le drame à succès fut joué jusqu’au 3 mars 1805, faisant de l’œuvre de Beethoven une « ouverture de concert » (peut-être bien la première du genre) – une ouverture qui, bien qu’elle soit basée sur une œuvre littéraire connue, se joue dans les salles de concert, complètement détachée du théâtre. On doit à sa qualité musicale qu’une telle partition ait pu mener une vie indépendante, sans que les auditeurs connaissent forcément le thème sous-jacent. L’œuvre de forme et de proportion symphonique n’est « caractéristique » qu’au travers de son contenu émotionnel.

L’opus 62 de Beethoven a été joué pour la première fois lors d’un des concerts privés du prince Lobkowitz, qui était également un membre éminent de la Société théâtrale de Vienne. Raison pour laquelle la tragédie de Collin a été mise en scène une nouvelle fois pour une seule représentation, le 24 avril 1807, cette fois-ci avec l’Ouverture de Beethoven.


Aufnahme auf idagio


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