Notturno pour alto et piano

Chacque vendredi, Beethoven est ici. Pour le 250e anniversaire de la naissance de Beethoven, la Revue Musicale Suisse jettera chaque semaine un œil sur une œuvre différente de son catalogue. Aujourd’hui pour le Notturno pour alto et piano.

Extrait du portrait de Beethoven par Joseph Karl Stieler, ca. 1820

Chacun sait sans doute que Beethoven n’était pas que compositeur. C’était aussi un pianiste exceptionnel et à ce titre, il a été introduit avec succès dans les salons de musique de l’aristocratie dès son arrivée à Vienne. Les méandres de l’histoire auraient oublié qu’il avait également pris à cette époque des leçons de violon avec Wenceslas Krumpholz (1750-1817, né en Bohême et ayant grandi à Paris), si Ferdinand Ries ne l’avait pas mentionné dans ses Notes biographiques (1838) : « A Vienne, Beethoven prenait des leçons de violon avec Krumpholz, et au début, quand j’étais [encore] là-bas, nous jouions parfois ses sonates pour violon. Mais c’était vraiment une musique terrible ; car dans son enthousiasme, il n’entendait pas quand il jouait un passage avec le mauvais doigté ».

Beethoven avait-il le même feu lorsqu’il jouait de l’alto à la Hofkapelle de Bonn à l’âge de 18 ans ? Quoi qu’il en soit, son « alto de service » a survécu jusqu’à aujourd’hui. Hormis le rôle naturel de l’instrument dans l’orchestre ou dans les ensembles de chambre tels que le quatuor à cordes et le trio à cordes, il n’existe pas d’œuvre complète de Beethoven (ni d’ailleurs de presque tous ses contemporains) dans laquelle l’alto serait un instrument obligé. Le Notturno pour piano et alto op. 42 n’est qu’un arrangement de la Sérénade op. 8 pour flûte, violon et alto. Il a probablement été arrangé par Franz Xaver Kleinheinz (1765-1832), qui a été entre autres professeur de piano à Vienne au début du 19e siècle. Mais comme le voulait la coutume à l’époque, son nom n’est pas mentionné en page de titre. On peut lire toutefois, en petits caractères, l’ajout « revûe par l’Auteur » (en français dans le texte), sur lequel Beethoven a bien insisté dans une lettre du 20 septembre 1803 aux éditeurs Hoffmeister & Kühnel : « Les transcriptions ne sont pas de moi, mais elles ont été revues et, par endroits, améliorées par moi, alors ne venez pas me dire que vous écrirez que je l’ai transcrit, car vous mentiriez, d’ailleurs je ne pourrais pas trouver le temps et la patience de le faire. »

L’arrangement, publié au début 1804 sous le numéro indépendant d’opus 42, est intéressant. La structure originale a été transférée au piano ; l’alto a certes sa propre partie, mais il ne joue pas le rôle d’instrument mélodique principal. Le Notturno est une sorte d’hybride en termes de technique d’écriture, mais il produit (surtout sur les instruments historiques) un son bien à lui et très intéressant.
 

Lien vers l’« alto de service » de Beethoven à la Hofkapelle de Bonn.


Aufnahme auf idagio


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