A la croisée des musiques savantes et populaires

Travailler avec une conteuse, créer un laboratoire d’histoires sonores pour les enfants, jouer dans des lieux insolites: la violoniste Valérie Bernard cultive l’originalité.

Après une formation à Lausanne, Genève et Moscou, Valérie Bernard, née en 1973, joue du violon et de l’alto dans divers ensembles de la région vaudoise. Elle enseigne au Conservatoire de Sion et y a cofondé l’ensemble à cordes LE POCH (Petit Orchestre du Chablais), constitué d’une quinzaine de jeunes instrumentistes.

Valérie Bernard, depuis 2002, tu joues dans l’ensemble à géométrie variable Contacordes, avec la conteuse Claire Heuwekemeijer, la pianiste Katja Gafner et la harpiste Julie Sicre…

La conteuse se sert uniquement de la tradition orale pour inventer la trame, elle relie des histoires de différents pays, par exemple de la Chine ou de la Russie. Non seulement elle dit le texte, mais elle le scande, le murmure, le chante, enchevêtre la parole avec la musique. On peut parler de contes de chambre, dans le sens où il s’agit d’un véritable travail de musique de chambre: la conteuse vient avec une thématique, avec ses idées et nous en discutons ensemble. Nous nous inspirons de l’histoire pour chercher la musique qui pourrait convenir, en évitant toute redondance. Il ne s’agit pas de simplement illustrer: la musique continue l’histoire et quelquefois suggère une suite différente à celle-ci. Pour cela, nous disposons d’une vaste palette de musique, du baroque à la musique contemporaine (Pärt, Pesson, Schnittke). Nous utilisons également de temps à autre du bruitage, en évitant que celui-ci distraie par une présence trop forte. Les spectacles, travaillés et structurés dans les moindres détails, sont produits aussi bien dans des écoles, conservatoires et théâtres que lors de nuits du conte, de festivals ou de fêtes privées.

L’ensemble a également créé un «laboratoire d’histoires sonores»…

Les enfants sont invités à choisir un objet sonore. Ensemble, nous nous demandons comment définir en musique un personnage, une émotion à partir des sons qui peuvent être tirés de cet objet ou en partant de leur propre corps (slam, jeu de la machine infernale). Destiné aux écoles primaires, ce «laboratoire» aiguille les enfants vers une plus grande ouverture d’écoute et vers une curiosité accrue par le biais de leur créativité.

Le livre-CD «Nom de Bleu» de Contacordes sortira les 2 et 3 mai 2013 à l’occasion du Salon du Livre, aux éditions Drosophile…

Aboutissement d’un travail de quatre ans, il raconte l’histoire initiatique d’une jeune fille à la recherche de son prénom. Plutôt qu’une acoustique de studio, nous avons choisi pour l’enregistrement l’acoustique exceptionnelle de la chapelle d’Epalinges; quant au livre en sérigraphie, il bénéficiera des illustrations d’Anne Wilsdorf. Un autre CD paraîtra cet automne chez VDE-Gallo sous le titre Igapo – Racine d’eau, avec un ensemble dont je fais également partie, le MV4tet qui joue des œuvres de sa pianiste, Valérie Mercier, écrites dans un style entre classique et jazz, avec une place pour l’improvisation.

Depuis que le Théâtre de l’Oriental de Vevey produit ses spectacles hors murs pour cause de restauration, l’ensemble CH.AU — dont tu es une des membres fondatrices — est devenu un ensemble nomade…

Une excellente occasion de rencontrer d’autres publics, dans des endroits insolites comme des bistrots ou des clubs. Après avoir travaillé sur des œuvres à la croisée des musiques savantes et populaires (avec des œuvres de Crumb, Harrison ou Riley par exemple), nous préparons Malleus Maleficarium avec les compositeurs Dragos Tara et John Menoud. Ce projet, qui sera joué du 10 au 13 avril, est consacré à la chasse aux sorcières à Vevey au 15e siècle.

>www.contacordes.ch

Photo : Stéphane Bertrand
 

 

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